La halle aux viandes

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Sous la forme de témoignages, des employeurs et leurs employés issus de l’immigration, à l’attention de leurs pairs, mettent en lumière des expériences réussies de recrutement à l’international et d’intégration locale à l’emploi.

Lire le témoignage de l’employeur, Wilfried Maufay
Lire le témoignage de l’employé, Maxime Dumesnil

Wilfried Maufay, maître artisan boucher-charcutier et traiteur

Le rêve d’une vie, pratiquer son métier au Québec

Boucher, charcutier et traiteur arrivé de France en 2010, M. Wilfried Maufay est venu à Québec réaliser un rêve qu’il caressait de longue date, y partager son savoir faire.

Mais avant, il a du cheminer au travers du circuit administratif de l’immigration. Son premier emploi, comme boucher aux Halles de Sainte-Foy, fut, pour lui, l’occasion d’obtenir un permis de travail de trois ans. S’en suivit l’obtention de son certificat de sélection du Québec (CSQ), puis de sa résidence permanente.

En décembre 2017, il se lance dans l’aventure entrepreneuriale, à Stoneham-et-Tewkesbury, où il ouvre son commerce, la boucherie la Halle aux viandes.

 

 

Un chemin d’immigration tout choisi, le permis Jeunes Professionnels (JP)

 

M. Maufay s’estime chanceux dans son cheminement migratoire d’alors. La formule du permis Jeunes Professionnels est plus facile, moins dispendieuse, et rapide d’obtention. Le permis est toutefois limité aux travailleurs de moins de 35 ans, un irritant pour M. Maufay, puisque tout professionnel plus âgé en est exclu, même s’il est qualifié.

Les métiers artisanaux, des professions sous-estimées au Québec

Devenu employeur à son tour, Monsieur Maufay admet qu’il doit faire face à bien des difficultés de recrutement de main-d’œuvre qualifiée.

La formation dans le domaine de la boucherie charcuterie est nettement moins « poussée » qu’en France. Au Québec, un diplôme en boucherie s’obtient en 9 mois, avec quelques stages qui se font, pour la plupart, dans les grandes chaînes d’alimentation comme IGA ou Métro. Dans l’hexagone, la profession de charcutier traiteur nécessite des années de formation, en formule travail-étude et apprentissage en entreprise. Le candidat suit sa formation en école technique qui se clôt par un diplôme d’état.

De ce fait, M. Maufay affiche ses postes sur des site de recrutement français sans pour autant négliger les sites d’emploi locaux, quoique la réponse y est très mitigée, déplore-t-il.

Ses 3 employés, boucher-charcutier-traiteur, qu’il emploie actuellement, sont tous d’origine française. Combien de temps l’accompagneront-ils? C’est toujours la crainte de l’entrepreneur de perdre ses précieuses ressources qui, l’obtention de leur résidence permanente en main, ont tendance à quitter leur employeur, attirés par de nouvelles expériences professionnelles, un changement de carrière ou un retour au pays.

Travailler en périphérie des grands centres : s’y préparer

 Le fait d’opérer son entreprise hors des grands centres urbains ne facilite pas l’embauche, d’autant plus que le transport en commun y est moins accessible et que le nombre de logements disponible est peu nombreux.

Pour de jeunes employés, il apparait que les activités sociales manquent à l’attractivité régionale quoique la municipalité de Stoneham-et-Tewkebury soit privilégiée en termes d’activités de loisir (ski, golf, sports nature, camping, microbrasserie, etc.).

Lorsque M. Maufay recrute en France, il se doit de donner l’heure juste aux candidats sans quoi les attentes pourraient s’avérer contrariées. Il prend le temps de bien expliquer la situation, les tenants et aboutissants du nouvel environnement d’accueil qu’il soit social ou culturel (et climatique). Détenir un véhicule leur est fortement suggéré. D’ailleurs, l’homme d’affaires et employeur vit lui-même à Québec.

M. Maufay est fier de ses ressources humaines, Maxime et Damien, qui ont su s’adapter à leur nouveau « chez eux ». Tous deux vivent en colocation. Un nouvel employé français arrivera sous peu, référé par un de ses anciens employés. Il qualifie, sans détour, les gens de Québec comme ouverts et accueillants et considère Stoneham-et-Tewkesbury comme un excellent terreau pour s’implanter.

L’usage des réseaux et des professionnels

Aux employeurs, qui comme lui, recherchent des employés, M. Maufay suggère l’usage des forums spécialisés en recrutement sectoriel, les sites d’emplois nationaux comme internationaux, le réseautage et l’accompagnement, surtout s’il s’agit de premiers pas, par des professionnels en mobilité, avocats et consultants en immigration.

Maxime Dumesnil, boucher-charcutier-traiteur, professionnel issu de l'immigration

 

 

Un rêve réfléchi

Maxime Dumesnil est à l’emploi de la Boucherie la Halle aux viandes depuis mai 2021. Il a répondu avec enthousiasme à une annonce publiée par Wilfried Maufay, son employeur actuel, sur le site français Pôle-Emploi, dans la rubrique internationale. Il faut dire que Maxime projetait depuis quelques années de venir travailler au Canada et recherchait intensivement sur différents sites d’emplois les postes offerts dans son domaine.

Mis à part le poste de charcutier traiteur affiché par M. Maufay, il ne trouvait que des emplois de bouchers, généralement offerts par des grandes chaînes d’alimentation comme IGA et Métro pour lesquelles il postula tout de même sans succès.

Des métiers non reconnus

Natif de Créteil, en banlieue de Paris, Maxime a obtenu son diplôme de boucher à Cahors et celui de charcutier-traiteur à Albi, au terme de cinq années d’études. Tout comme son employeur, il déplore que les professions de charcutier et de traiteur soient peu reconnues au Québec et que la formation « aux métiers de bouche » se limite aux métiers de cuisinier ou de boucher.

Cette spécificité de charcutier-traiteur au C.V a fait la différence aux yeux de M. Maufay, d’autant plus que Maxime s’est perfectionné en la matière en Finlande, où il a, entre autres, appris à travailler la viande de renne.

Des facilités d’immigration données aux jeunes professionnels de moins de 35 ans

Maxime a pu se prévaloir du permis jeunes professionnels (JP) issu du programme d’immigration fédéral, Expérience Internationale Canada (EIC), conçu pour offrir aux jeunes de moins de 35 ans la possibilité de venir travailler quelques années au Canada sous couvert d’avoir un employeur et un emploi en ligne avec sa formation.

Pour sa part il a trouvé la démarche administrative assez simple et les documents faciles à remplir. Il a pu bénéficier des connaissances de son employeur, M. Wilfried Maufay, qui ayant lui-même immigré, a su bien le guider et le motiver dans sa démarche.

S’adapter, le maître mot 

Affectionnant particulièrement la vie en région, travailler en périphérie de la grande ville de Québec, convient parfaitement à Maxime. Une fois sur place, il a d’ailleurs été rapidement charmé par le rythme de vie, la verdure, les paysages de montagnes, de neige et la tranquillité du secteur de la municipalité de Stoneham-et-Tewkesbury.

Cependant, par manque de logements abordables, Maxime a dû se résoudre à se loger à Québec. Il avait préalablement pris soin de joindre des groupes Facebook de gens recherchant des colocataires. C’est de cette façon qu’il a trouvé un vis-à-vis de chambrée avant même de quitter la France. Fort sympathique, son colocataire est même venu le chercher à la sortie de l’avion, à Montréal. S’en est suivi l’achat d’une voiture pour faciliter ses déplacements.

Avec son nouveau patron et ses collègues, le courant a tout de suite bien passé. Il a rapidement compris les goûts et les attentes des clients et s’est adapté facilement.

Maxime compte-t-il obtenir sa résidence permanente? Il y réfléchit. Il recommanderait toutefois, sans hésitation, à ses amis et ses proches de venir vivre l’expérience du Québec. Maxime estime que faire preuve d’écoute et de curiosité facilite grandement son intégration. Il souligne que le Québec/Canada semble donner plus de chance aux gens moins diplômés mais avec plus d’expérience. Il trouve l’accompagnement de son employeur propice à son enrichissement professionnel et comprend qu’au-delà des diplômes, les employeurs d’ici recherchent un savoir-être. « Le champ des possibles est important et ça vous donne une impression de liberté que l’on ne trouve guère ailleurs » de clore Maxime.