Deuxième chronique sur le goût du territoire, qui parait tous les mois de le journal l’Écho du Lac.
Ce mois-ci, le premier potager.
La pandémie est venue avec son lot de tragédies, d’inconvénients et d’ouvertures pour de nouvelles expériences. Cela prend la forme potager pour plusieurs cette année. Lorsque je suis arrivé à Tewkesbury, on m’a dit qu’on pouvait faire des patates, sans plus. Aujourd’hui chez Forêt Vive – en plus du sirop d’érable – il y a une bonne production d’ail, d’échalotes vivaces, de petits fruits, de tomates (sans serre), de houblons, de courges et bien d’autres aliments. Il est temps de modifier notre regard sur notre territoire, ce garde-manger négligé.
Afin de voir ce qui serait pertinent pour des débutants, j’ai contacté Vincent Galarneau, propriétaire des Jardins de la Résilience avec Marie-Ève Ouimet à St-Adolphe.
La lumière est votre principal atout. Vincent Galarneau insiste : « Ça prend au minimum 6 heures d’ensoleillement direct, c’est LE facteur de succès ». Deuxième clé selon Vincent : la fréquentation. Ça prend une routine, regarder comment ça pousse, noter si des feuilles jaunissent, si des fleurs sont apparues. C’est le premier plaisir que l’on va récolter : la contemplation, le temps qui s’arrête, les pieds nus dans la terre à savourer une fraise mûre.
En mai, il faut planter des graines directement en sol ou acheter des plants. C’est tard pour démarrer des semis au bord de la fenêtre. Choisissez des cultures robustes, comme le chou kale, qui se ressème d’année en année si on le laisse se balader un peu. Les haricots nains sont presque impossibles à rater, tout comme les laitues et les tomates cerises qui feront le bonheur des enfants. Pensez à ce que vous aimez manger, faites une sélection et misez sur ce qui est accessible. Un voisin a des animaux et il vous donne du compost de fumier? Faites quelques tas et plantez-y des courges en compagnie de légumineuses, et pourquoi pas aussi quelques plants de maïs? Il faudra bien fertiliser le maïs jusqu’au début juillet (Actisol – c’est approuvé pour le bio et disponible en quincaillerie et en centre jardin). Ce conseil vaut d’ailleurs pour la plupart des cultures, car la fertilisation passé juillet nuit à la fructification.
Le terrain est en pelouse et l’idée de vous battre contre cette championne de la colonisation vous rebute? Placez des cartons sur l’herbe pour faire une bande d’environ 20 à 30 pouces de large et placez-y ce qui traîne dans le fond de l’abri à bois de chauffage et puis ajoutez-y le compost familial qui n’aboutit pas dans cette boîte que vous avez construite au fond de la cour (2 pouces de fond de shed à bois pour 1 pouce de matière organique de votre compost pas mûr – répéter 2-3 fois comme pour une lasagne). Recouvrez le tout d’un compost mature et de bois raméal fragmenté (BRF) et plantez! Il poussera des surprises en plus des plantes que vous aurez choisies et vous aurez peut-être le bonheur de goûter à nouveau ces délicieuses pommes de terres de fantaisie devenues molles que vous avez mises au compost cet hiver.
L’erreur, c’est de vouloir aller vite. Mon opérateur de pelle mécanique préféré a ce dicton que j’applique à tous nos projets agroforestiers et que je vous invite à méditer pour le démarrage de votre jardin : « Si tu veux y aller rondement, prends ton temps »!
Par Jean-Étienne Poirier, acériculteur chez Forêt Vive