Pépin & fils

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Dans cette chronique du Goût du territoire,  portrait de la ferme Pépin & fils.

Pépin & fils, une ferme où l'on cultive le sens de la famille

Depuis les années cinquante, Roland Pépin a repris la ferme de son père et il a aujourd’hui la joie de voir son fils et son petit-fils – Normand et Pierre-Luc – reprendre le flambeau. Je les ai rencontrés dans la vallée de Tewkesbury pour mieux comprendre ce qui les pousse à perpétuer cette tradition dans le contexte montagneux et forestier où ils sont installés avec leur élevage de veaux en pâturages.

D’entrée de jeu, M. Pépin prend plaisir à se rappeler que, sur le plan alimentaire, sa famille était autonome à l’époque où il dirigeait la ferme. Elle produisait de la viande de bœuf, du lard, du lait, de la crème, du beurre… « Il n’y avait que la farine que l’on achetait pour faire le pain! ». Ça fait penser au rêve d’autonomie de bien des gens aujourd’hui, et j’esquisse un sourire en entendant cette histoire de farine manquante. Disons qu’on a été plusieurs, au printemps dernier, à la courir la farine pour faire du pain…

L’homme de de 95 ans est rieur et reconnaissant envers la vie. Pendant qu’il raconte ses expériences de drave sur les différentes rivières du secteur, il ponctue ses aventures de mots de gratitude pour sa descendance : « Je suis servi comme un roi ici, il n’y a pas plus heureux que moi! ». Les paroles de Roland me touchent d’une façon particulière alors qu’on vient de prendre conscience très durement, dans la dernière année, de la détresse que vivent bien des personnes âgées dans notre province au moment où elles vivent leurs derniers jours. Le contraste avec ce que vit cet homme, droit dans ses bottes, debout au centre du paradis de son vivant, est hallucinant. Il a entretenu un royaume, dans un endroit à la fois modeste et grandiose, et d’autres ont eu le goût de perpétuer son œuvre. Pour avoir gardé le lieu lorsque c’était son tour, Roland peut y conclure son règne comme un souverain : « On a pas vécu comme des millionnaires, mais manqué de rien, pis c’était bon à part ça! ».

Le petit-fils de Roland, Pierre-Luc, insiste à quelques reprises pour me dire que ce qui le touche le plus dans l’expérience de la ferme, c’est le lien familial, c’est la chance d’avoir pu travailler à la fois avec son père et son grand-père : « Une chose que peu de gens peuvent vivre aujourd’hui, avec le contexte actuel pis les jobs en ville ». On a jasé une bonne heure sans parler de la qualité du foin ou de la génétique des veaux, on a parlé de la famille.

Et si les fermes étaient autre chose que des usines à nourriture, quelque chose comme des lieux d’aventures où l’on crée des liens entre les générations, quelque chose comme des réels milieux de vie où l’on répond à ses besoins, particulièrement le besoin de se retrouver avec un peu de sens à savourer à la fin de nos existences ?

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Rédigé par Jean-Étienne Poirier, acériculteur chez Forêt Vive. 

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